La luxation de l’épaule

Les deux types de luxation de l’épaule

On distingue deux types de luxation de l’épaule :

Luxation antérieure de l’épaule
C’est la forme la plus fréquente. Elle survient lorsque l’articulation de l’épaule se déplace vers l’avant et sort de son emplacement. Cela peut arriver à la suite d’un mouvement brusque ou imprévu du bras, d’un choc direct sur l’épaule ou d’une chute sur le bras tendu.

Luxation postérieure de l’épaule
Cette forme est plus rare. Elle se produit lorsque l’articulation de l’épaule se déplace vers l’arrière et sort de sa position. Elle peut résulter d’un traumatisme important ou d’une forte pression exercée sur l’avant de l’épaule.

Causes de la luxation de l’épaule

La luxation de l’épaule peut survenir pour différentes raisons, notamment :

• Traumatisme : La cause la plus fréquente est un traumatisme, comme une chute, un choc ou une contrainte soudaine et violente sur l’épaule. Ce type d’impact peut provoquer un déplacement brutal de la tête de l’articulation, entraînant une luxation.
• Faiblesse des muscles de l’épaule : Si les muscles et tendons qui soutiennent l’articulation sont faibles ou trop relâchés, ils peuvent avoir du mal à maintenir l’épaule en place, ce qui favorise les luxations à répétition.
• Hypermobilité : Certaines personnes ont naturellement des articulations très mobiles, ce qui augmente le risque de luxation. Cette hypermobilité peut être d’origine génétique ou liée à des maladies du tissu conjonctif, comme le syndrome d’Ehlers-Danlos.
• Surcharge répétée : Les mouvements répétitifs ou les sollicitations excessives de l’épaule, comme les lancers fréquents dans certains sports ou le port répété de charges lourdes, peuvent affaiblir progressivement les structures stabilisatrices de l’articulation et accroître le risque de luxation.

Symptômes de la luxation de l’épaule

Les symptômes d’une luxation de l’épaule peuvent varier en intensité selon le type de luxation. Cependant, on retrouve généralement les signes suivants :

Douleur à l’épaule :

Une douleur aiguë et intense dans la région de l’épaule est le symptôme le plus typique. Elle apparaît de façon soudaine et violente au moment de la luxation.

Déformation :

Une déformation visible peut être présente, la tête de l’humérus n’étant plus correctement positionnée dans l’articulation. Cela peut donner à l’épaule une apparence ou une position anormale.

Mobilité réduite :

Après une luxation, les mouvements de l’épaule sont souvent limités. Il devient douloureux ou difficile de bouger le bras et l’épaule normalement.

Gonflement et sensibilité :

La zone autour de l’épaule peut enfler et devenir sensible au toucher. Ce gonflement résulte généralement d’une inflammation et de lésions tissulaires liées à la luxation.

Ecchymoses et décoloration :

Une décoloration de la peau autour de l’épaule peut apparaître à cause de lésions des vaisseaux sanguins provoquées par la luxation.

Options de traitement pour la luxation de l’épaule

Le traitement d’une luxation de l’épaule varie selon la gravité de la blessure et les caractéristiques de chaque patient.

Réduction :
Lorsque l’épaule est luxée, le médecin procède généralement à une réduction, c’est-à-dire à une remise en place de l’articulation par des manipulations douces. Cette manœuvre peut être réalisée manuellement ou à l’aide d’examens d’imagerie, comme une radiographie, pour guider le geste.

Immobilisation :
Après la réduction, l’épaule peut être immobilisée à l’aide d’une écharpe ou d’un bandage afin de la maintenir stable. Cette immobilisation limite le risque de nouvelle luxation et permet aux tissus de cicatriser.

Rééducation :
Une fois la phase de stabilisation terminée, une rééducation est souvent nécessaire pour restaurer la force, la mobilité et la stabilité de l’épaule. Des exercices et des techniques thérapeutiques sont utilisés pour renforcer les muscles péri-articulaires et retrouver une fonction normale.

Chirurgie :
Dans certains cas, une intervention chirurgicale peut être indiquée, notamment en cas de luxations répétées, de lésions ligamentaires importantes ou d’autres dommages associés. L’opération consiste alors à réparer ou à renforcer les structures endommagées afin de prévenir les récidives.

Arrêt de travail

Après une luxation de l’épaule, qu’elle soit partielle ou complète, il peut exister différents degrés de lésions au niveau de l’articulation, des ligaments, des muscles et des tissus environnants. La gravité et l’étendue des dommages varient selon chaque personne et dépendent notamment du type de luxation.

Voici quelques repères généraux :

• Reprise du travail : selon la nature de l’activité, environ 3 semaines.
• Sports légers (course à pied, vélo, natation) : environ 6 semaines.
• Sports de contact, gymnastique acrobatique et sports de raquette : environ 3 mois.

Quelle est la différence entre une luxation et une entorse de l’épaule ?

La luxation et l’entorse de l’épaule sont deux blessures distinctes touchant l’articulation, mais elles diffèrent par leur gravité et l’étendue des lésions. Lors d’une luxation de l’épaule, les os de l’articulation se séparent complètement.
En revanche, une entorse correspond à une atteinte plus légère, où l’articulation subit un déplacement ou une distension temporaire sans séparation complète.
On distingue plusieurs degrés d’entorse :

Entorse de premier degré :
Forme la plus légère, dans laquelle les ligaments autour de l’articulation sont étirés mais non déchirés.

Entorse de deuxième degré :
Forme modérée, où les ligaments sont étirés et partiellement déchirés.

Entorse de troisième degré :
Forme la plus grave, caractérisée par une rupture complète des ligaments, entraînant une instabilité importante de l’articulation.

De manière générale, la luxation de l’épaule est plus sérieuse qu’une entorse, car l’articulation sort entièrement de sa position normale.

Que faire en cas de luxation de l’épaule ?

La luxation de l’épaule est une blessure douloureuse et sérieuse qui nécessite une prise en charge rapide et adaptée. Voici les étapes pour la reconnaître et la gérer correctement.

Comment reconnaître une luxation de l’épaule

Observer les symptômes : Une personne victime d’une luxation de l’épaule ressent généralement une douleur soudaine et intense dans la région de l’épaule, suivie d’une perte de mobilité et d’une déformation visible.

Examiner la zone de l’épaule : Recherchez des signes évidents de luxation, comme un déplacement visible de l’articulation ou une apparence « carrée » de l’épaule par rapport à l’autre côté.

Écouter la description du patient : Demandez à la personne ce qui s’est passé et si elle ressent de la douleur, une faiblesse ou la sensation que son épaule « n’est plus à sa place ».

Comment réagir face à une luxation de l’épaule

Soutenir et rassurer la personne : Aidez-la à adopter une position confortable et encouragez-la à rester immobile et calme pour limiter la douleur et éviter d’aggraver la blessure.

Consulter un professionnel de santé : La luxation doit impérativement être évaluée et traitée par un médecin ou un personnel médical formé.

Ne pas manipuler l’épaule : À moins d’être un professionnel de santé qualifié, il ne faut jamais tenter de remettre soi-même l’articulation en place. Une mauvaise manipulation peut aggraver les lésions ou provoquer d’autres complications.

Approche ostéopathique de la luxation de l’épaule

Une épaule saine et fonctionnelle nécessite une bonne circulation sanguine vers et depuis l’articulation. Le sang transporte l’oxygène, les nutriments et les substances de nettoyage indispensables à la guérison des muscles, tendons, ligaments et tissus osseux. Pour favoriser ce processus, l’ostéopathe met généralement en œuvre plusieurs axes de travail :

• Techniques de mobilisation articulaire du cou et du milieu du dos, car une bonne mobilité de ces zones est essentielle au mouvement de l’épaule.
• Réduction des compressions éventuelles du plexus brachial (faisceau nerveux partant de la base du cou et innervant l’épaule et le bras), afin de rétablir une conduction nerveuse et un contrôle musculaire optimaux après le traumatisme de luxation.
• Techniques de mobilisation et exercices ciblant le tissu pulmonaire, qui s’attache à la partie inférieure du cou et peut influencer la mobilité de l’épaule.
• Travail sur la cage thoracique, les côtes et la circulation pulmonaire afin d’optimiser la guérison grâce à un meilleur apport sanguin.
• Techniques locales autour de l’omoplate et de la tête humérale, destinées à améliorer le drainage, réduire la pression locale et la douleur, et favoriser une meilleure récupération musculaire lors de la rééducation.
• Conseils nutritionnels, car après un traumatisme mécanique il est essentiel d’assurer un apport suffisant en protéines — véritables « briques de reconstruction » du tissu — ainsi qu’en micronutriments (vitamines et minéraux), pour soutenir au mieux le processus de réparation.

Rééducation après une luxation de l’épaule

La rééducation après une luxation de l’épaule est essentielle pour restaurer la force, la mobilité et la stabilité de l’articulation, tout en prévenant les récidives. Le programme de rééducation varie selon la gravité de la luxation et les caractéristiques individuelles du patient.

Immobilisation et repos : Dans un premier temps, il peut être nécessaire d’immobiliser l’épaule à l’aide d’une écharpe, d’une attelle ou d’un bandage pour stabiliser l’articulation et permettre la guérison. Il est important de suivre les recommandations de repos et de limiter les activités pendant cette phase.

Exercices de mobilité : À mesure que la guérison progresse, l’objectif est de retrouver progressivement la mobilité de l’épaule. Cela peut inclure des exercices passifs, où le thérapeute mobilise doucement l’articulation, ou des exercices actifs, que vous réalisez vous-même.

Renforcement musculaire : Lorsque l’épaule devient plus stable, un travail de renforcement progressif débute. Il peut s’agir d’exercices avec des poids légers, des bandes élastiques ou le poids du corps. L’accent est mis sur les muscles autour de l’omoplate et de la coiffe des rotateurs.

Exercices de stabilisation : Pour éviter les luxations répétées, il est essentiel de réentraîner la stabilité et la coordination de l’épaule. Cela passe par des exercices ciblant les muscles profonds de l’épaule et de l’omoplate afin de maintenir un bon contrôle lors des mouvements.

Reprise progressive des activités : Lorsque l’épaule retrouve sa force et sa stabilité, la rééducation se concentre sur les gestes et activités spécifiques que vous souhaitez reprendre. Cela comprend des exercices adaptés au sport, un travail technique et une augmentation progressive des charges.

Conseils pour prévenir la luxation de l’épaule

Pour renforcer et protéger l’articulation de l’épaule, il est essentiel de pratiquer des exercices ciblant les muscles et les structures qui l’entourent.

Renforcement musculaire : Pratiquez régulièrement des exercices de renforcement pour développer les muscles autour de l’articulation. Les développés épaules, élévations latérales et frontales, exercices de tirage ou pompes peuvent être utiles. Il est important de travailler de manière équilibrée les parties avant, arrière et latérales de l’épaule.

Exercices de la coiffe des rotateurs : Les muscles de la coiffe des rotateurs jouent un rôle clé dans la stabilité de l’épaule. Intégrez des exercices spécifiques comme les rotations externes et internes avec bande élastique, les exercices en Y et en T, ou encore les rotations légères avec haltères.

Exercices de flexibilité : Maintenez ou améliorez la souplesse de la région de l’épaule en effectuant des étirements réguliers. Étirez les muscles de la poitrine, de l’épaule et des biceps pour conserver une bonne posture et réduire le risque de blessure.

Bonne technique : Lors d’un entraînement ou d’un port de charge, veillez à adopter une technique et une posture correctes. Une mauvaise gestuelle peut exercer une contrainte excessive sur l’articulation et provoquer une blessure.

Éviter la surcharge : Limitez les mouvements répétitifs ou excessifs susceptibles de surmener l’épaule. Si votre activité implique des gestes répétitifs des bras, accordez-vous des pauses régulières et variez vos mouvements.

Progression graduelle : Augmentez l’intensité de vos exercices de manière progressive. Cela permet à vos muscles et à vos articulations de s’adapter et diminue le risque de blessure liée à la surutilisation.